2016, je fais un burnout. Pendant plus d'un an c'est le trou noir. Avec le printemps 2018, je renais peu à peu. J'ai envie d'être utile. Il me manque quelque chose. Un jour, je vois une annonce sur Facebook. L'école des devoirs Le Gai Savoir à Saint-Servais recherche de bénévoles. Je pose ma candidature et reçois vite une réponse favorable. Je commence après les vacances de Pâques. Le premier jour, j'arrive en même temps que d'autres dames intéressées aussi et nous sommes accueillies avec beaucoup d'enthousiasme par les animatrices qui sont à la barre de l'EDD. Elles nous expliquent comment fonctionne l'EDD et ce que l'on attend de nous. L'EDD ouvre le mardi, le mercredi après-midi et le jeudi. Je choisis le jeudi. De semaine en semaine, je prends mes marques. Je me trouve parfois un peu perdue comme le jour où nous n'étions que deux adultes pour 14/15 enfants. Le groupe est disparate : âges et devoirs différents. Comment gérer cela ? J'avais l'impression d'avoir besoin d'un deuxième cerveau et de quatre bras. Avec le temps, je me sens de plus en plus à l'aise. Juin et la fin de l'année scolaire pointent leur nez. C'est décidé, je rempile pour septembre. Le jour de la rentrée, à peine dans la salle, des enfants me sautent au cou, me font la bise, sont contents de me revoir, me racontent leur vacances, leur séjour chez leurs grands-parents. Quelle bouffée de bonheur ! Et lorsque, plus tard dans l'année, je suis hospitalisée et que je reçois une jolie carte créée par les enfants, mon cœur bat la chamade. J'ai trouvé ma place dans l'EDD. Les enfants dont nous nous occupons habitent tous plus ou moins le quartier. Ils fréquentent cependant diverses écoles primaires. Ils arrivent vers 15h30. Nous sommes prêts pour les accueillir avec un goûter sain. On leur laisse du temps libre jusque 16h. On commence alors les devoirs. Un coup d'œil des adultes dans le journal de classe et nous nous répartissons les enfants un peu au hasard. Il n'y a pas vraiment de règle établie. Nous travaillons au maximum jusque 17h. Si un enfant termine plus tôt, il peut rejoindre le coin doux fait de divans et de coussins moelleux où il peut lire au calme ou même se reposer. Il peut aussi jouer avec d'autres à un jeu de société mis à disposition. Et lorsque le temps le permet, on les laisse profiter de la pelouse où trône un vieil érable majestueux. Petit à petit jusque 17h30 les parents viennent les reprendre. Le mercredi après-midi est consacré aux activités sportives et culturelles en fonction du thème annuel choisi : visite du musée des instruments de musique, de l'Opéra de la Monnaie et ses coulisses, fabrication d'instruments de musique avec des éléments trouvés dans la nature etc. Un jeudi sur deux se tient le conseil des enfants. Réunion-débat d'environ une demi-heure autour de leurs attentes et des activités. Il faut canaliser le débat. Mais ce temps d'échanges s'avère constructif pour tout le monde. Tous les deux mois aussi, c'est l'atelier cuisine des mamans. Après les devoirs, une maman vient nous apprendre à préparer un plat de son pays d'origine qui lui tient à cœur. Puis nous le préparons et le dégustons tous ensemble. C'est un beau moment de convivialité, de découverte et de partage entre parents, enfants et animateurs. J'ai pu remarquer la fierté des enfants dont la maman est à l'honneur. S'ils ne l'expriment pas verbalement, leurs yeux et leur visage en disent long ! 2020 déjà. J'ai retrouvé un équilibre, grâce entre autres à l'EDD. Entretemps, j'ai été pensionnée d'office. Je deviens libre de disposer de mon temps et je m'inscris à la formation : "Introduction à la discipline positive". Confinement oblige, je n'ai encore participé qu'à une seule séance. Cela s'avère cependant très intéressant, dynamique et centré sur la pratique. Et puis, confidence : j'ai osé chanter avec les autres. Oh pas encore très fort. Lorsque j'étais à l'école primaire, l'instituteur voulait enregistrer la chanson apprise en classe, avec lui à l'accordéon. Il m'a reléguée dans le fond de la classe en me disant "tu chantes comme une casserole" et bien sûr tous mes condisciples se sont moqués de moi. Depuis lors, je n'ai plus jamais chanté devant qui que ce soit. Mais ici, mise en confiance par la formatrice, je me suis lancée. 45 ans de dévalorisation effacés en quelques minutes !
Françoise
Volontaire à l’EDD Le Gai Savoir à Saint-Servais